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Conséquences sur la santé et le logement des situations d’insalubrité extrême à Marseille

Comprendre les enjeux de santé physique et mentale face au syndrome de Diogène

Une problématique silencieuse dans les quartiers anciens de Marseille

Vivre dans un logement encombré de déchets, de saleté et d’objets accumulés pendant des années n’est pas un simple problème d’hygiène. C’est souvent le symptôme visible d’un trouble profond, parfois lié au syndrome de Diogène. Ce comportement d’auto-négligence extrême a des conséquences dramatiques sur la santé physique et mentale, tant pour la personne concernée que pour son entourage.

Dans plusieurs quartiers de Marseille, notamment le Panier, Noailles, Belsunce, ou certains secteurs de la Belle de Mai, le phénomène du syndrome de Diogène se manifeste de façon plus fréquente que dans d’autres agglomérations françaises. Cela s’explique par une combinaison de facteurs sociaux et urbanistiques :

  • une forte proportion de personnes âgées isolées ;

  • des logements anciens parfois mal entretenus, propices à l’accumulation ;

  • un manque d’accès aux soins psychologiques et de suivi social dans certaines zones.

Les personnes fragiles, vivant souvent dans des appartements vétustes du centre-ville, sont plus exposées à des épisodes de négligence extrême, qui restent invisibles jusqu’à l’apparition de signes extérieurs (odeurs, infestations…).

Selon l’Agence régionale de santé PACA, Marseille est l’une des villes les plus touchées par les logements potentiellement indignes, avec plus de 40 000 logements considérés comme préoccupants en 2023 dans le périmètre Euroméditerranée et autour de la Canebière.

Infections, troubles respiratoires et maladies cutanées

Les accumulations massives de détritus, d’excréments, de nourriture avariée, ou encore de moisissures favorisent l’apparition de pathogènes : bactéries, champignons, virus, parasites. Ce terrain insalubre devient un incubateur à risques.

Les conséquences peuvent inclure :

  • des infections respiratoires chroniques dues aux moisissures (aspergillus, cladosporium) ou à l’ammoniac émis par l’urine stagnante ;

  • des maladies dermatologiques (gale, mycoses, dermatites) ;

  • une exposition accrue aux rongeurs et insectes (blattes, puces, rats), vecteurs de zoonoses comme la leptospirose ou la salmonellose.

Selon une étude de l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire), l’exposition chronique aux moisissures dans les logements insalubres multiplie par 2,5 le risque d’asthme chez l’adulte.

Effondrement psychique et isolement

Le syndrome de Diogène s’accompagne souvent de troubles mentaux : dépression sévère, schizophrénie, troubles obsessionnels-compulsifs, démence, ou paranoïa. L’individu peut refuser tout contact avec le monde extérieur, vivre dans un isolement total, et développer une indifférence à la douleur physique ou au dégoût, caractéristique du syndrome.

Cette rupture avec les normes sociales mène à :

  • un effondrement des capacités d’auto-soin (hygiène corporelle, alimentation) ;

  • une déconnexion émotionnelle des proches ;

  • une perte de repères cognitifs, pouvant aller jusqu’à la confusion ou l’apathie.

D’après les chiffres publiés par l’INSEE en lien avec la précarité mentale, près de 10 % des personnes de plus de 65 ans vivant seules seraient en situation de grande vulnérabilité psychique, terrain propice à des conduites de négligence extrême.

Santé en péril : des drames humains derrière les portes closes

Ces situations d’insalubrité n’épargnent personne, et Marseille voit régulièrement des cas de découvertes tardives de personnes vivant dans des conditions extrêmes, parfois après des semaines sans contact avec l’extérieur.

Les services sociaux de la ville, les CCAS, les agents municipaux et parfois les pompiers sont confrontés à des scènes bouleversantes dans des appartements de 20 m² jonchés de détritus, souvent situés dans les étages élevés sans ascenseur.

Dans ces contextes, la santé des occupants est déjà fortement dégradée, avec des détresses physiques et mentales avancées, aggravées par une absence de soins due à la honte, la peur ou le déni.

Problèmes de voisinage et risques juridiques à Marseille

Le syndrome de Diogène, bien qu’intimement personnel, ne se vit jamais seul. Il affecte l’environnement social immédiat, notamment les voisins et les copropriétés. À Marseille comme ailleurs, les signalements sont fréquents : odeurs pestilentielles, invasion d’insectes, fuites d’eau, murs moisis, insalubrité qui gagne les espaces communs.

Nuisances olfactives et prolifération animale

Quand un logement devient invivable, il finit par dégager des odeurs insoutenables. Les fluides corporels, les détritus en décomposition, les matières fécales accumulées dans des sacs ou dans les toilettes bouchées… créent une pollution olfactive majeure qui traverse les murs.

Les voisins sont directement exposés à :

Ces situations génèrent stress, insomnie, angoisse et un sentiment d’abandon, voire de danger. L’INSEE rapporte que près de 3 millions de logements en France seraient affectés par des problèmes d’humidité, de moisissures ou de nuisibles.

Litiges, expulsions et procédures juridiques

Un logement Diogène peut déclencher des procédures légales de la part des copropriétés ou des autorités locales :

Dans certains cas, la mairie peut faire appel à une mesure administrative appelée péril sanitaire, permettant d’intervenir d’urgence sur le logement. Ces interventions peuvent inclure la réquisition d’un prestataire de nettoyage spécialisé, aux frais du propriétaire ou du locataire.

Le Code de la santé publique (article L.1331-22) permet également à l’ARS ou au préfet d’imposer des travaux ou une évacuation temporaire.

Une tension croissante dans les copropriétés anciennes

À Marseille, beaucoup d’immeubles, en particulier dans les 1er, 2e, 3e et 5e arrondissements, sont des copropriétés datant du XIXe ou début XXe siècle, avec des murs mitoyens fins, des systèmes d’aération obsolètes et des cages d’escalier communes. Ces caractéristiques facilitent la propagation des nuisances liées à un logement Diogène.

Il n’est pas rare que les syndics de copropriété marseillais signalent :

Les conséquences sont parfois lourdes : rupture des liens de voisinage, ventes gelées, perte de valeur immobilière, voire départ d’autres habitants fatigués d’un environnement dégradé.

Marseille face au cadre légal : des actions plus fréquentes

Les autorités municipales de Marseille, notamment les services d’hygiène de la Ville, sont de plus en plus amenés à intervenir, en lien avec le projet Habitat indigne piloté avec la Métropole Aix-Marseille-Provence.

Plusieurs arrêtés préfectoraux d’insalubrité ont été pris dans des cas où le syndrome de Diogène mettait en danger non seulement l’habitant mais tout l’immeuble. Ces arrêtés peuvent entraîner :

La jurisprudence à Marseille est de plus en plus claire : le non-entretien volontaire d’un logement mettant en péril la santé d’autrui peut justifier des poursuites au civil, voire au pénal, en cas de refus de coopération.

Impact sur l’environnement intérieur et la salubrité dans le contexte marseillais

Dégradation des matériaux et structure du bâti

Le cumul de déchets, d’humidité stagnante et d’absence d’aération peut entraîner :

Lorsque ces dégradations dépassent un certain seuil, la rénovation devient difficile, voire impossible, nécessitant un curage complet ou un désamiantage si des matériaux anciens sont présents.

Risque d’incendie ou d’effondrement

Le risque incendie est particulièrement élevé dans ces habitats. L’accumulation d’objets inflammables dans chaque pièce, parfois jusqu’au plafond, rend tout déplacement dangereux. Les issues sont souvent bloquées, les prises surchargées, les appareils obsolètes.

En cas d’incendie :

Le danger d’effondrement de plancher est également réel, surtout dans les immeubles anciens de Marseille où les sols en bois peuvent ne pas supporter le poids cumulé des objets stockés.

Le logement devient inhabitable

Quand la salubrité est rompue, la fonction même du logement disparaît. La personne ne dort plus dans un lit, ne se lave plus, ne cuisine plus. Le domicile devient un lieu de survie déshumanisé, où les gestes du quotidien ne sont plus possibles.

D’après l’Observatoire national de la précarité énergétique et du mal-logement, 1,5 million de personnes en France vivent dans des conditions jugées indignes, et parmi elles, certaines présentent des signes proches du syndrome de Diogène.

Marseille : ville de contrastes, logements à risques

La ville affiche des contrastes saisissants : entre les résidences modernes du Prado ou du Rouet, et les immeubles fragiles de Noailles ou Castellane, certains logements sont dans un état de délabrement préoccupant, selon les diagnostics du Plan Local d’Urbanisme Intercommunal (PLUi).

Ces logements anciens sont souvent :

Quand un habitant atteint du syndrome de Diogène occupe un tel logement, le cercle vicieux de la dégradation rapide s’enclenche. En l’absence de tri, de ménage et de gestion des déchets, les structures internes (sols, murs, réseaux) se détériorent à un rythme accéléré.

Risques accrus dans les zones sans contrôles réguliers

Certains quartiers périphériques de Marseille, comme les Chartreux, Saint-Antoine, ou Félix Pyat, peuvent présenter des risques plus élevés de logements insalubres non contrôlés, notamment dans les copropriétés dégradées.

Le manque d’entretien collectif et l'absence de syndics actifs aggravent les situations :

Les incendies domestiques liés au syndrome de Diogène, bien qu’encore rares à Marseille, préoccupent fortement les pompiers, qui ont rédigé plusieurs alertes sur la difficulté d’intervention dans les logements surencombrés.


Un regard humain pour un enjeu urbain

À Marseille, le syndrome de Diogène n’est pas qu’une affaire individuelle. Il reflète une fracture sociale, sanitaire et urbaine. C’est le symptôme d’une population oubliée, vivant dans un parc immobilier dégradé, sans accompagnement ni écoute suffisante.

Les acteurs publics commencent à réagir :

Mais pour que cela fonctionne, il faut aussi que les voisins, les familles, les concierges, les pharmaciens de quartier osent alerter, avec respect et bienveillance.

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