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Marseille et la précarité sociale des seniors

Vieillir à Marseille : entre soleil méditerranéen et zones d’ombre sociale

Marseille, deuxième ville de France, est souvent associée à la mer, au soleil, à la chaleur humaine et à la diversité. Pourtant, derrière cette image de carte postale se cache une réalité moins visible, mais tout aussi marquante : celle des seniors en situation de précarité. Vieillir dans la cité phocéenne peut, pour beaucoup, rimer avec isolement, difficultés financières, santé fragile et logements inadaptés.

En 2020, plus de 20 % de la population marseillaise avait plus de 60 ans, selon l’INSEE. Et parmi ces personnes âgées, une part croissante vit sous le seuil de pauvreté, avec une retraite insuffisante pour couvrir les besoins de base. Comment expliquer cette situation ? Quels sont les impacts humains concrets ? Et surtout, que peut-on faire à l’échelle locale pour redonner une dignité de vie à nos aînés ?


Comprendre la précarité des seniors : des chiffres alarmants

Une pauvreté plus marquée qu’ailleurs

À Marseille, le taux de pauvreté global dépasse les 25 %, bien au-dessus de la moyenne nationale qui se situe autour de 14 %. Chez les personnes âgées de plus de 75 ans, ce taux grimpe dans certains quartiers au-delà de 30 %. Cela signifie qu’un senior sur trois peut vivre avec moins de 1 120 euros par mois (seuil de pauvreté en 2023 selon l’INSEE), alors même que le coût de la vie ne cesse d’augmenter, notamment dans les centres urbains.

Le poids des inégalités territoriales

Le territoire marseillais est marqué par de fortes disparités socio-économiques. Dans le 8e arrondissement, les seniors bénéficient souvent d’un meilleur niveau de vie, d’un bon accès aux soins et de services d’aide à domicile bien structurés. À l’inverse, dans les quartiers Nord (13e, 14e, 15e, 16e), nombreux sont les retraités qui cumulent des fragilités : faibles retraites, logements dégradés, isolement, manque de mobilité.


Des causes multiples, enracinées dans des parcours de vie fragiles

Des carrières morcelées et peu rémunératrices

Nombre de seniors en difficulté à Marseille ont exercé des métiers pénibles et peu qualifiés : ouvriers du BTP, aides à domicile, femmes de ménage, employés de commerce. Beaucoup ont connu le chômage ou ont travaillé dans l’économie informelle, sans cotiser suffisamment pour une retraite complète. Résultat : des pensions très modestes, parfois inférieures à 900 euros par mois.

Des femmes particulièrement exposées

Les femmes âgées représentent une majorité des personnes âgées précaires. Celles qui ont élevé plusieurs enfants, interrompu leur carrière, ou travaillé à temps partiel se retrouvent souvent avec des retraites très basses. Le veuvage ou la séparation tardive viennent aggraver leur fragilité financière.

Une santé qui se dégrade sans soutien adapté

La précarité financière s’accompagne souvent d’une détérioration de la santé. Malnutrition, stress, impossibilité de se soigner correctement ou de chauffer son logement l’hiver : les conséquences sont nombreuses. Pourtant, l’accès aux soins est loin d’être fluide pour tous, surtout lorsque les transports ou les services de proximité manquent.


L’isolement social, l’autre visage de la précarité

Des liens familiaux distendus ou inexistants

Avec l’âge, les réseaux sociaux se réduisent : décès du conjoint, éloignement des enfants, mobilité réduite. Certains seniors vivent seuls, sans plus personne pour les accompagner ou les écouter. L’isolement devient alors une véritable souffrance, silencieuse et difficile à détecter.

Des situations d’indignité au quotidien

Des témoignages font état de seniors vivant dans des logements insalubres, sans chauffage ou avec des infiltrations d’eau, incapables de faire des démarches administratives ou d’utiliser Internet. Certains renoncent à s’alimenter correctement pour pouvoir payer leur loyer ou leurs médicaments. Ce n’est plus seulement de précarité qu’il s’agit, mais bien d’indignité sociale.


Marseille face au défi du vieillissement précaire : quelles réponses locales ?

Un tissu associatif engagé mais saturé

Plusieurs associations marseillaises jouent un rôle crucial : visites à domicile, aides alimentaires, accompagnement administratif. Des structures comme le Secours Catholique, les Petits Frères des Pauvres ou l’association Habitat Alternatif Social sont actives, mais peinent à répondre à toutes les demandes tant les besoins explosent.

Des dispositifs publics à renforcer

Les dispositifs d’aide sociale à l’autonomie (Allocation personnalisée d’autonomie – APA), d’aide au logement ou d’accompagnement via les Centres Communaux d’Action Sociale (CCAS) existent. Mais leur accès est parfois complexe, notamment pour les seniors peu à l’aise avec les outils numériques ou vivant dans des quartiers mal desservis. La fracture numérique est une nouvelle frontière de la précarité.

Le rôle des bailleurs sociaux

Certains bailleurs à Marseille ont mis en place des actions ciblées pour les locataires seniors : adaptation des logements, gardiennage social, présence d’un référent de proximité. Mais ces initiatives restent minoritaires face à l’ampleur du besoin. De nombreux logements HLM marseillais sont vieillissants et mal adaptés à la perte d’autonomie.


L’importance de logements adaptés et de services de proximité

Vivre chez soi, mais pas seul

La plupart des personnes âgées souhaitent vieillir chez elles. Mais cela suppose un logement accessible (ascenseur, douches adaptées, isolation), des services à domicile efficaces (aides-ménagères, portage de repas), et une présence humaine régulière. Marseille manque encore cruellement de logements adaptés aux personnes âgées à faibles revenus.

La mobilité, un facteur de dignité

Pouvoir se rendre à une consultation médicale, aller faire ses courses ou voir des amis : cela semble évident, mais pour un senior isolé, c’est un défi quotidien. Les transports en commun sont parfois inadaptés ou trop éloignés. Des solutions locales de transport solidaire ou de navettes sociales pourraient faire la différence.


Et demain ? Vers une politique senior inclusive et solidaire

Une ville qui anticipe le vieillissement

Le vieillissement de la population est une réalité démographique inévitable. Selon l’INSEE, la part des plus de 75 ans en France va doubler d’ici 2050. Marseille doit donc anticiper, planifier, investir dans des politiques publiques tournées vers ses aînés : urbanisme inclusif, services de proximité, santé mobile, lutte contre l’isolement.

Redonner la parole aux seniors

Les seniors précaires sont trop souvent absents du débat public. Pourtant, leurs besoins, leurs idées, leurs vécus devraient orienter les choix politiques. Créer des conseils de quartier seniors, former des bénévoles à l’écoute active, mettre en place des diagnostics de territoire participatifs : autant d’initiatives pour remettre l’humain au centre.


Marseille, une ville qui doit prendre soin de ses anciens

Il est temps de changer de regard sur la précarité des personnes âgées. Ce n’est ni une fatalité ni une affaire individuelle. C’est une question collective, une responsabilité morale, sociale et politique. À Marseille, des milliers de personnes âgées vivent aujourd’hui dans la difficulté, souvent dans le silence. Le vieillissement ne doit pas rimer avec abandon, mais avec accompagnement, respect, et dignité.

Pour cela, il ne suffit pas de multiplier les aides ponctuelles. Il faut bâtir une ville solidaire, à hauteur d’homme, où les plus âgés ont toute leur place. Car prendre soin de nos anciens, c’est aussi prendre soin de notre avenir commun.


Sources :

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